Chantier Vert du Pont de Dumbéa

Dans le cadre de son plan pluriannuel d’investissement, le gouvernement calédonien a décidé de sécuriser la RT1 au niveau du pont de Dumbéa. Nous avons rencontré Nicolas Hurrel (représentant du bureau d’étude INFRATECH et maître d’œuvre de l’opération), Emmanuelle Grataloup (pilote Chantier vert de Bioeko), David Blache (représentant de la maîtrise d’ouvrage DITTT) et Anne Thery (conducteur de travaux pour la société DUMEZ GTM CALEDONIE) pour comprendre les enjeux environnementaux de cet ouvrage.

Le projet consiste à construire un nouveau pont à proximité du Pont de Dumbéa au niveau du Parc Fayard « L’ouvrage actuel qui est classé au patrimoine des monuments historiques de la province Sud sera réhabilité et remis en état pour accueillir les piétons et les cyclistes » explique David Blache. Le chantier dure 19 mois et comprend la construction du nouveau pont (14 mois) et la réhabilitation du pont initial (5 mois). C’est donc un chantier en deux temps car « il faut terminer le nouvel ouvrage et basculer la circulation dessus pour intervenir sur le pont initial » précise Nicolas Hurel.

Une réglementation environnementale très présente

Lors de la phase de l’avant-projet, Emmanuelle Grataloup a réalisé l’étude d’impact environnementale du projet de construction du pont de la Dumbéa. Elle est « liée aux autorisations du code de l’environnement. Ainsi, un arrêté provincial a été émis le 2 juillet 2019 autorisant les travaux de défrichement et dérogeant sur les espèces protégées. Ce dernier point concerne l’avifaune et les espèces dulcicoles qui transitent via la Dumbéa » nous explique Emmanuelle Grataloup. De manière globale, Bioeko a réalisé des inventaires pour la faune et la flore dans le but de répertorier les espèces pouvant être impactées par la perte de leur habitat dû au projet. A la fin des travaux, des mesures compensatoires seront mises en place. Des zones seront replantées en fonction de l’impact résiduel sur la végétation au droit du nouvel ouvrage.

Par ailleurs, une production d’huitres se situe en aval du chantier (embouchure du cours d’eau). Cette activité est très sensible à la pollution de type apports terrigènes, chimiques…. Bien que la Dumbéa fasse l’objet de crues entrainant l’augmentation de la turbidité (par la nature de son bassin versant) ou présente de nombreuses exploitations animales, l’enjeu est donc important et pris en compte dans la gestion des eaux.

 

Une gestion des eaux encadrée

Nicolas Hurel nous explique : « dès lors que nous avons commencé à travailler en rivière, nous avons mis des barrages anti-fines. En parallèle, deux campagnes de qualité des eaux ont été effectuées (trois prélèvements d’eau à différents endroits de la Dumbéa) à chaque fois que nous sommes proches de la rive ». De plus, chaque grande phase du chantier est accompagnée d’un plan de gestion des eaux (PGE). Ces derniers permettent de contrôler et d’enrayer les impacts potentiels sur le cours d’eau.

 

 

 

À ce stade des travaux, trois plans de gestions des eaux (PGE) ont été réalisés :

PGE 1 : phase « défrichement et le terrassement ». Pas de travaux dans le cours d’eau. La gestion des eaux de surface était composée de fossés drainants qui filtrent l’eau au niveau des exutoires avant le rejet dans la rivière.

PGE 2 : phase de « mise en place de digues ». « Les appuis de ce nouvel ouvrage étant en rivière, des digues ont été créées à l’aide de matériaux prélevés dans la Dumbéa» explique Anne Thery. En effet, « en amont et en aval, il y avait des matériaux qui s’étaient accumulés dans la rivière » indique Nicolas Hurel. Ce choix a permis de réduire les incidences environnementales en évitant le transport et l’apport de matériaux d’autres sites pour des remblais temporaires en rivière. Le plan de gestion des eaux 2 a consisté pour cette phase en la mise en place de barrages anti-fines au niveau des berges afin d’aménager les digues et de positionner des enrochements et géotextile pour sécuriser les remblais.

PGE 3 : phase « mise en place des batardeaux et réalisation des piles ». Il s’agit de construire les appuis du futur pont à l’intérieur des batardeaux.

 

Un chantier vert

David Blache clarifie le fait que l’engagement « Chantier vert » auprès de la CCI a été réalisé après que l’entreprise a été désignée. Emmanuelle Grataloup a voulu valoriser cet ouvrage qui respectait déjà les critères de la charte. En effet, « des critères environnementaux étaient définis dans l’appel d’offre » précise Anne Thery.

Une sensibilisation auprès des salariés est faite de manière régulière. A titre d’exemple, il y a un « pré-start » tous les matins pour présenter la tâche du jour, les problèmes éventuels au niveau de la sécurité, la qualité attendue et les points de vigilance concernant l’environnement. En effet, « DUMEZ GTM CALEDONIE s’est engagé dans une démarche environnementale sur ces chantiers, ce qui se traduit par une sensibilisation de tous les intervenants du chantier pour limiter les nuisances environnementales » indique Anne Thery.